Trop d'empathie peut être mauvais pour votre santé mentale
Le terme empathie dérive du mot grec empátheia qui se traduit par « passion » ou « émotion ». Il a gagné en popularité il y a plus de 100 ans en psychologie par des auteurs comme Edward Titchener avec une nuance légèrement différente. Aujourd’hui, il est compris comme la compréhension des sentiments, de la souffrance et du comportement des autres basée sur la compassion. Un excès d’empathie peut affecter votre santé mentale, ce qui a été démontré ces dernières années.
L’empathie est étroitement liée à l’altérité, à l’altruisme, à la solidarité et à la compréhension. Toutes ces valeurs sont considérées comme éthiques et morales dans la société.
Être empathique est une qualité précieuse dans de nombreuses professions, comme les soins infirmiers. La mettre en pratique se traduit par des liens interpersonnels solides. Cela dit, que se passe-t-il lorsque l’empathie dépasse les limites saines ? Nous passons en revue comment son excès peut compromettre votre santé mentale.
Ce que dit la science sur l’empathie excessive et la santé mentale
Tous les êtres humains disposent d’un certain degré différent d’empathie. Hormis certains troubles qui la conditionnent négativement (psychopathie, trouble du spectre autistique, maladie d’Alzheimer, démence frontotemporale et autres), chacun de nous la manifeste avec une intensité différente au quotidien. Certains sont plus empathiques que d’autres, mais au final ils développent tous des attitudes et des comportements guidés par elle.
Or, selon les chercheurs, l’empathie nous aide à nous connecter avec les autres (leurs expériences, leurs besoins et leurs désirs). C’est un trait évolutif, puisque la survie de notre espèce dépendait et dépend encore de l’entraide. Être empathique est donc un des moyens de favoriser les liens d’entraide. Lorsqu’elle se manifeste dans certains contextes d’intensité excessive, l’empathie peut affecter votre santé mentale.
Une étude publiée dans Development and Psychopathology en 2015 a révélé qu’à des niveaux extrêmes, l’empathie est un facteur de risque de dépression et d’anxiété. Lorsque l’empathie est pratiquée de manière pathologique, le lien avec les expériences, les besoins et les désirs des autres se traduit par des troubles émotionnels lorsque ces variables ne peuvent être satisfaites de manière adéquate.
En plus de la dépression, les experts ont découvert que l’empathie pathologique était un déclencheur du comportement de soumission, de la peur et de la culpabilité. Ceux qui la pratiquent substituent excessivement les soucis de leur propre vie aux soucis des autres. Cela les rend très manipulables et soumis, tout en manifestant des sentiments de culpabilité lorsqu’ils ne peuvent pas aider ceux qui les entourent.
Codépendance et empathie pathologique
Les chercheurs ont associé l’excès d’altruisme et d’empathie à la codépendance dans les relations interpersonnelles.
Du point de vue psychologique, la codépendance est comprise comme ces attitudes obsessionnelles et compulsives envers le contrôle des autres et des relations. Il s’agit d’un concept très large, parfois associé à la tolérance face aux situations de violence ou d’agression (bien que ce ne soit bien sûr pas toujours le cas).
La codépendance se manifeste dans tout type de relation interpersonnelle, de telle sorte qu’elle peut se développer envers les amis, la famille et envers le couple. La codépendance a été liée à des difficultés permanentes dans la formation du concept de soi, de sorte qu’elle peut affecter directement l’estime de soi.
Excès d’empathie et d’épuisement
Il existe un phénomène étudié depuis des années connu sous le nom de fatigue compassionnelle. Ce terme fait allusion au débordement de la capacité émotionnelle à la suite d’une interaction continue ou prolongée avec une personne qui souffre ou qui a besoin d’aide.
Il est souvent utilisé pour désigner le stress vécu par les soignants et le personnel médical, mais la vérité est qu’il peut affecter n’importe qui. Trop d’empathie peut conduire à la fatigue de compassion. Et même lorsqu’il ne s’agit pas de fatigue de compassion elle-même, cela peut conduire à l’épuisement professionnel.
Certes, une relation négative a été trouvée entre l’empathie pathologique et l’épuisement, qui peut être à la fois physique et mental. Problèmes de concentration, stress, problèmes de mémorisation et changements dans la prise de décision sont quelques-unes de ses conséquences.
Ce ne sont pas les seules façons dont l’empathie affecte négativement votre santé mentale. Voici quelques problèmes liés à sa pratique exacerbée :
- Stress financier résultant d’une aide permanente aux autres (par le biais de dons et d’autres moyens).
- Incapacité d’agir en raison de sensations accablantes dues à des événements qui éveillent la sensibilité. Cela se traduit plus tard par le regret, l’angoisse et le désespoir.
- Sentiment d’impuissance pouvant provoquer des sentiments allant de la colère à la tristesse.
- Conflits moraux sur la façon d’agir dans certaines circonstances.
Empathie et santé mentale: Conclusion
Comme vous pouvez le constater, l’excès d’empathie ne passe pas inaperçu dans votre santé mentale. Contrairement à ce que vous pourriez penser, cela vous blesse plus que cela ne vous aide.
Enfin les chercheurs soulignent que les femmes ont tendance à le développer plus que les hommes. Elles sont donc classées comme le principal groupe à risque. Être conscient des conséquences de l’empathie pathologique est très important pour ajuster les émotions, les attitudes et les comportements en faveur des autres.
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