Troubles de la perception : principales caractéristiques

Les altérations de la perception vont des illusions aux hallucinations, sous toutes ses formes. Elles peuvent être causées par des troubles organiques et émotionnels. Nous expliquons en détail les principaux troubles de la perception.
Troubles de la perception : principales caractéristiques
Bernardo Peña

Rédigé et vérifié par el psicólogo Bernardo Peña.

Dernière mise à jour : 19 juillet, 2021

Dans cet article, nous aborderons les principaux troubles de la perception. La perception est un processus cognitif dans lequel les choses se manifestent en tant que telles dans un acte d’expérience. Dans ce processus, des informations externes sur l’environnement qui nous entoure sont extraites puis interprétées en interne.

Pour certains auteurs, la perception est plus qu’un processus cognitif. C’est plutôt une fonction de la psyché à travers laquelle l’information est capturée et identifiée, à la fois du monde extérieur et de sa propre corporéité.

Les troubles de la perception constituent un problème lorsqu’il s’agit d’identifier et de reconnaître correctement ces stimuli.

Perception humaine : brève introduction

La perception est donc le processus qui nous permet d’appréhender la réalité. Pour que ce processus ait lieu, le fonctionnement des structures sensorielles périphériques est essentiel. Elles sont responsables de l’obtention et de la diffusion des informations du milieu extérieur vers les aires sensorielles primaires.

Les zones sensibles primaires, à leur tour, sont chargées de les conduire vers les zones cérébrales secondaires, dont la fonction est d’effectuer les processus de réception, de filtrage et d’organisation de l’information, de la relier et de faire l’interconnexion avec la mémoire et les instincts de la personne.. Les troubles dans ces domaines provoquent des hallucinations et des agnosies, entre autres conditions.

Par ailleurs, le processus de perception est totalement lié à la subjectivité et à l’objectivité. En effet, lorsque les informations sont interprétées dans l’esprit de chacun, des éléments subjectifs interviennent. Tandis que l’objet extérieur qui occupe une place dans l’espace réel est directement objectif.

Sur cette base, il est clair que le processus de perception n’est pas un portrait complètement objectif du monde extérieur. Puisque ce processus ne repose pas uniquement sur les données obtenues, mais sur des éléments qui diffèrent d’une personne à l’autre, tels que leurs expériences, idéologies, jugements ou idées, entre autres.

Un enfant qui regarde le reflet de son ombre sur un mur.

Troubles de la perception : questions préalables

Les troubles de la perception se classent généralement en deux groupes. Parmi ceux-ci figurent :

  • Distorsions perceptives : elles se produisent lorsque l’individu perçoit les caractéristiques d’un élément d’une manière différente de celle attendue. Des exemples de distorsions pourraient être une perception différente de la taille (macropsie ou micropsie), de la forme (dysmorphopsie) ou de l’intensité (hyperesthésies-hypoesthésies), entre autres.
  • Tromperies perceptives : elles se distinguent car les stimuli qui les provoquent n’ont pas d’existence réelle. De plus, ils coexistent avec le reste des fonctions perceptives normales.

Principaux troubles de la perception

Parmi les principaux troubles de la perception figurent l’illusion, l’hallucination, les pseudo-perceptions, les troubles de la stase et la dysmorphose.

Troubles de la perception : l’illusion

Une illusion est une idée fausse, provoquée par une transformation des perceptions réelles, sous l’influence d’un état émotionnel qui altère l’information obtenue.

Sur cette base, on peut dire que les illusions sont des perceptions qui ne correspondent pas aux caractéristiques réelles des stimuli. Par conséquent, il est clair que l’illusion est une perception déformée. C’est-à-dire que ce qui est observé, entendu ou ressenti est déformé.

Parmi les principales caractéristiques des illusions, on trouve :

  • L’illusion a besoin d’un stimulus réel. En plus d’être une caractéristique très importante, c’est la principale différence entre une illusion et une hallucination. Dans l’illusion, il doit y avoir un stimulus réel, puisque ce qui cause l’illusion est la perception erronée de ce stimulus réel. Si le stimulus n’existait pas, alors ce ne serait plus une illusion, mais une hallucination.
  • Une autre caractéristique des illusions est que la personne sait ou est en mesure de réaliser que ce qu’elle perçoit n’est pas quelque chose de complètement réel, mais plutôt quelque chose qui est déformé.
  • Les illusions ont tendance à se produire fréquemment et dans de nombreuses situations.

Les illusions peuvent être classées selon le facteur étiologique :

Illusions dues à l’inattention

Cette illusion est présentée comme un mécanisme utilisé par le cerveau humain pour faciliter la compréhension de l’environnement. Ainsi, lorsque la personne ne capte pas toutes les informations, elle a tendance à les compléter par l’événement logique de la séquence.

Par exemple, une personne qui voit une scène d’un couple en train de s’embrasser et s’imagine la scène suivante, d’eux nus au lit. Sur cette base, la personne suppose des événements qu’elle n’a pas observés, comme le fait de se déshabiller et d’avoir des relations sexuelles.

Illusions affectives

Dans ce cas, les circonstances créent des ambiances où la personne altère les vraies informations. Par exemple, une fille qui a peur d’être seule à la maison. Lorsqu’elle est dans cette situation, elle aura tendance à voir un voleur dans l’ombre d’objets comme des manteaux, des meubles, etc.

Paréidolie

Elle est liée de la même manière aux émotions, mais de manière plus affective. Les individus attribuent des caractéristiques physiques aux visages ou croient voir des visages dans des objets tels que des nuages.

Perception délirante

L’environnement est interprété sous un angle très particulier, où il dépend du ton hédonique de la personne qui le perçoit. La perception délirante est produite par des drogues hallucinogènes ou par l’effet d’un trouble psychotique.

Quelles sont les causes d’une illusion ?

Parmi les facteurs qui peuvent provoquer une illusion figurent :

  • L’attente d’un événement. Par exemple : en attente d’un message du mobile.
  • Quand il y a des gens hautement influençables. Par exemple : des personnes qui, en entrant dans un cimetière, croient déjà entendre des voix ou voir des ombres.
  • Dans des états émotionnels intenses. Par exemple : illusions émotionnelles catathymiques (états d’hyperactivité dus à des situations effrayantes).
  • Excès de fantaisie. Par exemple : illusions paréidoliques (perception déformée, la personne ne peut pas la contrôler, ce qui est perçu est fait avec netteté et clarté).
  • Dans les états de besoin. Par exemple : quand dans un film le protagoniste est dans le désert, sans eau, etc.
  • Quand il y a un manque d’information.
Une femme avec des visions déformées d'elle-même.

Troubles de la perception : hallucination

En cas d’hallucination, l’individu est persuadé de percevoir un stimulus, pourtant celui-ci n’existe pas. L’hallucination se caractérise par une perception très claire du stimulus car la personne croit vraiment à l’existence du stimulus.

Par ailleurs, la personne maintient une perception objective vis-à-vis d’autres stimuli réels. Un exemple clair d’hallucination serait une personne qui voit un sujet qui bouge et lui fait signe dans un endroit où il n’y a personne. Il n’y a pas de stimulus, c’est donc une hallucination, dans ce cas visuelle.

L’hallucination est une caractéristique très actuelle des troubles mentaux. Cependant, une hallucination n’est pas produite uniquement par un trouble mental. Elle peut également être causée par des situations avec des stimuli particuliers, par la consommation de drogues hallucinogènes, l’épilepsie ou la fièvre, entre autres causes.

Classification des hallucinations

Les hallucinations ont tendance à se classer en trois variables différentes : selon le degré de complexité, leur contenu et la modalité sensorielle avec laquelle elles se présentent.

Il convient de souligner que, pour effectuer une analyse ou un diagnostic basé sur cette classification, les variables doivent être analysées de manière intégrative. Autrement dit, en examinant toutes les variables.

  • Selon sa complexité : dans les hallucinations complexes le stimulus concret est perçu. En d’autres termes, si un objet est observé, il sera perçu en détails. Pendant ce temps, dans les hallucinations élémentaires, l’objet est vu de manière diffuse.
  • En fonction de son contenu : les contenus que peuvent recouvrir les hallucinations sont infinis. Cependant, ils regroupent généralement des thèmes centraux, tels que les besoins de l’individu, les souvenirs, les peurs ou les désirs, entre autres. Ce pourrait être aussi le contenu de l’environnement de la personne, comme l’influence de ses idéologies qui créerait de l’insécurité ou de la honte, ou les circonstances vitales et extrêmes de la personne.
  • Selon la modalité sensorielle : elle fait référence à la manière dont l’hallucination est mise en évidence. Dans la plupart des hallucinations, elles se produisent visuellement ou de manière auditive.

Types d’hallucinations

Les types d’hallucinations se réfèrent à la modalité sensorielle dans laquelle elles se produisent.

Hallucinations visuelles

Une hallucination visuelle est une hallucination qui se produit par la vue. Elle a les subdivisions suivantes en fonction de la taille, du thème, etc.

  • Selon le thème. Hallucinations liées à un sujet précis :
    • Zoopsies : hallucinations liées aux insectes.
    • Delirium tremens : hallucinations liées à une multitude de thèmes, elles peuvent être dues au syndrome de sevrage alcoolique.
  • Selon la taille. Hallucinations où les choses sont plus ou moins grandes :
    • Lilliputiennes – Les objets semblent minuscules ou plus petits que la normale.
    • Guliveriennes – Les objets semblent énormes ou plus gros que la normale.
  • Selon les qualités :
    • Intensité : très floue ou très dense.
    • Couleur : hallucinations en niveaux de gris, hallucinations monochromes, transparentes, etc.
    • Mouvement : hallucinations statiques ou mouvantes.
    • Extension : ce qu’elle occupe. Par exemple : une classe pleine de gens qui ne parlent pas.
    • Position : voir les choses là où elles ne sont pas. Par exemple : voir un perroquet sur un bec.
    • Jumelles ou monoculaires : avec un ou les deux yeux.
    • Congruence ou incongruité : hallucinations congruentes qui sont liées à la réalité ou incongrues lorsqu’elles ne sont pas cohérentes avec la réalité. Par exemple : un train volant ou un chien à vélo.
Un homme qui hallucine.

Il existe des hallucinations visuelles liées au corps du sujet. Elles sont appelés autoscopie. Parmi elles, il y a l’autoscopie interne, qui se produit lorsqu’une personne voit l’intérieur de son corps, par exemple : les veines, les os, les viscères, etc.

On retrouve également l’autoscopie externe, qui se produit lorsqu’une personne voit l’image d’elle-même devant elle. Enfin, nous avons l’autoscopie négative qui se produit lorsqu’une personne ne se voit pas ou ne voit pas son image se refléter dans un miroir.

Hallucinations auditives

Les hallucinations auditives sont celles dont la voie est l’audition. Dans ce cas, la personne entend un stimulus inexistant. Ce type d’hallucinations est le plus courant avec les hallucinations visuelles.

Par ailleurs, les hallucinations auditives se classent  selon leur degré de complexité. Elles peuvent se présenter comme élémentaires, où la personne entend des tons, des pas ou des murmures. Ou complexes, dans lesquels la personne entend des mots clairs et significatifs.

Parmi les variables pour subdiviser ce type d’hallucinations, nous trouvons :

  • Clarté : clarté avec laquelle elle est perçue.
  • Intensité : l’ampleur du stimulus irréel. Par exemple : des chuchotements ou des cris, entre autres.
  • Localisation : distance à laquelle l’hallucination est perçue (proche, loin).
  • Contenu : stimuli simples ou complexes. Par exemple:
    • Révélateurs de certaines informations : la personne entend des voix qui lui disent des choses comme où se trouve la canne de son grand-père.
    • Des voix qui demandent.
    • Des voix qui commandent.
    • Commentaires sur les actes que les individus accomplissent.
    • Propositions érotiques grossières.
    • Voix menaçantes.

Hallucinations olfactives

Il s’agit d’hallucinations où la personne sent quelque chose d’agréable ou de nauséabond. En général, elles sont associées à des empoisonnements, des tumeurs cérébrales ou des tableaux cliniques où les patients croient qu’ils sont empoisonnés, entre autres. Ainsi, les patients considèrent que ces odeurs les agressent, ou considèrent qu’elles font partie d’une persécution qui cherche à leur faire du mal.

Hallucinations gustatives

Ces types d’hallucinations créent chez les patients l’expérimentation de goûts désagréables. Ils sont liés aux croyances d’empoisonnement. Il est difficile de savoir ce qu’est vraiment une hallucination, car dans la vie quotidienne, boire ou manger certains médicaments ou aliments peut altérer le goût. Dans certains cas, elles sont causées par leur propre corps et la personne attribue cette perception à l’idée d’être en train de pourrir à l’intérieur.

Hallucinations tactiles

Ces hallucinations peuvent se produire dans tout le corps. Le sujet peut ressentir des pincements, des attouchements, des courants électriques ou des brûlures, entre autres. Ainsi, en fonction du contenu de chaque hallucination, on distingue :

  • Haptique : sensation physique (picotement).
  • Hydrique : sensation d’humidité.
  • Contact : toucher.
  • Kinesthésique : lorsqu’un individu dit qu’une partie de son corps est en mouvement. Déterminé par une autre sensation subjective qui affecte un sens différent.
  • Actif : lorsque la personne a la sensation de toucher. Autrement dit, elle croit, par exemple, avoir touché un objet inexistant.
  • Passif : lorsque la personne a la sensation d’être touchée. Le patient croit qu’il y a quelqu’un ou quelque chose qui le touche, le brûle ou le pique.

Pseudo-perceptions ou images anormales

Les pseudo-perceptions ou images anormales sont des altérations perceptives qui ne répondent pas aux caractéristiques de celles que nous avons vues jusqu’à présent. Ces images anormales peuvent être considérées comme des images et peuvent se produire en l’absence de stimuli. Ils peuvent également être activés même lorsque le stimulus qui les a générés n’est plus présent.

Au sein des pseudo-perceptions, il existe les types suivants :

  • Images hypnapomatiques et hypnagogiques : elles se produisent dans des états de semi-conscience, où la personne se trouve entre le sommeil et l’éveil. Les images hypnapomatiques surviennent lorsque la personne sort du sommeil. Les images hypnagogiques prennent naissance lorsque la personne entre dans le rêve, entre l’éveil et le rêve. Enfin, les deux images sont autonomes, puisqu’elles apparaissent sans que l’individu puisse les contrôler.
  • Images hallucinoïdes : elles se caractérisent par le fait d’être autonomes et subjectives et de se présenter sans la présence du stimulus qui les active. Elles sont d’origine interne lorsqu’elles se produisent dans «l’espace noir des yeux fermés». La cause est attribuée à la fièvre avec des températures très élevées ou à la consommation de drogues hallucinogènes. La personne est consciente que ces images sont créées par son esprit et n’existent pas dans la réalité.
  • Des images de mémoire : ces images sont liées aux souvenirs de chacun qui se transforment en fonction des désirs. Elles se caractérisent parce que la personne peut les créer et les maintenir volontairement.
  • Images consécutives ou post-images : celles-ci sont appelées post-images car elles se présentent après une forte charge d’informations sensorielles. Un exemple clair de ce type d’image serait l’image d’une couleur sombre après que la personne ait observé une image d’une couleur blanche intense.
Une femme qui ne parvient pas à dormir dans son lit;

Troubles statiques

Les troubles statiques sont des altérations de la perception qui se produisent dans l’intensité des stimuli. On peut en distinguer trois :

  • Hyperesthésie : le stimulus est perçu plus intense qu’il ne l’est. C’est-à-dire qu’une intensification se produit, de sorte que les sons ou les couleurs, entre autres, sont perçus de manière plus vive. Un exemple clair serait une porte fermée doucement qui est perçue par la personne comme un grondement et un son extrêmement fort.
  • Hypoesthésie : le stimulus est perçu moins intense qu’il ne l’est en réalité, puisqu’un affaiblissement de la perception se produit. En effet, les couleurs ont tendance à paraître sombres, la nourriture insipide, entre autres.
  • Anesthésie : par rapport au toucher, il n’y a plus de sensation tactile. De plus, les terminaisons nerveuses qui médient la douleur sont « désactivées ».

Dysmorphoses

Les dysmorphoses sont produites par une distorsion du stimulus. Celui-ci est perçu déformé, mais la personne reconnaît que le stimulus existe et que c’est elle qui le perçoit différemment. On distingue :

  • Macropsie : le stimulus apparaît en grossissant complètement ou en partie significative.
  • Micropsie : le stimulus apparaît éclipsé en totalité ou en partie significative.
  • Excision perceptive : le stimulus est trop déformé.
  • Agglutination perceptive : Les stimuli sont tellement agglutinés qu’ils se forment comme un seul stimulus.

Troubles de la perception: Conclusion

En conclusion, la perception est un processus cognitif fondamental qui nous aide à reconnaître notre environnement externe et interne, sur la base de notre expérience antérieure.

Les altérations de la perception nous aliènent en quelque sorte du contexte qui nous entoure. Par conséquent, étant donné la gravité de certaines des modalités dans lesquelles elles surviennent, il est nécessaire de les aborder d’un point de vue psychologique ou médical.



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