Stades du mélanome

Connaître le mélanome et ses stades peut aider à prévenir et à diagnostiquer précocement ce cancer de la peau.
Stades du mélanome
Sandra Golfetto Miskiewicz

Rédigé et vérifié par la médico Sandra Golfetto Miskiewicz.

Dernière mise à jour : 16 juin, 2023

Avant de parler des stades du mélanome, il faut savoir que l’on retrouve normalement plusieurs types de cellules dans la peau. Ceux-ci comprennent les cellules basales, les cellules squameuses et les mélanocytes.

Les mélanocytes sont des cellules qui produisent de la mélanine, un pigment qui protège des rayons ultraviolets (UV) et colore la peau, les cheveux et les yeux. Plus le nombre de mélanocytes est élevé, plus la peau est foncée. C’est pour cette raison que les personnes à peau blanche sont plus susceptibles de développer ce type de tumeur.

Lorsque des tumeurs bénignes se développent à partir de mélanocytes, elles sont appelées naevus ou grains de beauté. En revanche, la tumeur maligne qui provient des mélanocytes est appelée mélanome.

Les carcinomes cutanés provenant de cellules basales et squameuses (carcinome basocellulaire et squameux, respectivement) sont plus fréquents que le mélanome. Dans ce cas, bien que leur fréquence soit de 4% de toutes les lésions cutanées cancéreuses, ils présentent également une mortalité élevée. Pour cette raison, il est essentiel de prendre les mesures de diagnostic précoce pour recevoir un traitement en temps opportun.

Autres termes importants à connaître

Il y a des termes que votre médecin peut mentionner lors de la consultation. Les connaître facilitera la compréhension des stades du mélanome. Ce sont les suivants :

  • Épiderme: c’est la couche de cellules la plus superficielle de la peau.
  • Naevus : également appelés grains de beauté, sont des tumeurs bénignes de la peau. Généralement, ils sont présents dès la naissance mais certains peuvent apparaître à l’âge adulte.
  • Biopsie : consiste à prélever un échantillon de certains tissus (en l’occurrence, la peau) pour permettre au spécialiste d’en examiner les caractéristiques au microscope, et de déterminer s’il s’agit d’une lésion bénigne ou maligne.
  • In situ : il s’agit d’un cancer qui ne s’est pas propagé au-delà d’une petite zone de peau.
  • Ganglion sentinelle : c’est celui qui remplit la fonction de drainage tumoral principal.
  • Métastases microsatellites : métastases microscopiques cutanées ou sous-cutanées, qui peuvent être adjacentes ou distantes du mélanome primitif.
  • Métastases satellites : ce sont celles situées dans le système lymphatique à moins de 2 centimètres du mélanome.

Comment détecter le mélanome à un stade précoce?

Les stades du mélanome peuvent produire des changements évidents dans la peau

L’essentiel est de rechercher tout changement nouveau ou inhabituel de la peau, qu’elle soit ou non exposée au soleil. Les mélanomes apparaissent généralement sur les jambes (femmes) et le tronc (hommes). Chez les personnes de couleur, cette tumeur est généralement diagnostiquée plus tard, a un plus mauvais pronostic et est plus fréquemment située sur les paumes, la plante des pieds et la bouche. Elle est généralement plus fréquente chez les personnes de plus de 80 ans.

Diagnostiquer un mélanome n’est pas facile. Seulement 30% se développent sur un grain de beauté précédent et 70% peuvent se développer sur une peau normale. Heureusement, il existe des caractéristiques très particulières de ces tumeurs qui facilitent leur diagnostic précoce. Nous vous en parlerons ci-dessous.

Naevus ou mélanome ?

Grâce à la dermoscopie, le dermatologue recherchera des signes permettant de différencier une lésion bénigne d’une lésion éventuellement maligne et pourra définir le stade du mélanome. Ces fonctionnalités incluent les suivantes :

  • A – Asymétrie : contrairement aux grains de beauté, les mélanomes sont généralement asymétriques. C’est-à-dire que si l’on passe une ligne imaginaire par le milieu, ses deux moitiés sont différentes.
  • B – Bordure : ils sont irréguliers, étendus ou ondulés.
  • C – Couleur : les mélanomes ont généralement différentes couleurs ou nuances de la même couleur (rouge, noir, marron, blanc, bleu). Rarement, certains mélanomes dits mélanocytaires apparaissent plus clairs que la peau.
  • D – Diamètre : la taille est importante. Une lésion de plus de 6 millimètres est généralement suspecte.
  • E – Évolution : les lésions cutanées ne doivent pas changer constamment. Un grain de beauté qui grossit ou change de forme, de couleur, d’élévation ou commence à démanger ou à saigner doit être évalué par un médecin.

Bien que le spécialiste évalue le patient et pose le diagnostic final, chaque personne doit être attentive à ces changements pour assister à la consultation en amont.

Stadification ou stades du mélanome

Les stades ou stadification du mélanome, permettent au médecin de décider du plan de traitement et d’estimer le pronostic. De cette façon, le médecin peut discuter de la marche à suivre avec le patient.

Système TNM

Avant d’évoquer la mise en scène, il faut savoir ce qu’est le système TNM. L’American Joint Committee on Cancer (AJCC) classe différents types de cancer (dont le mélanome) selon un système couramment utilisé, le système TNM, qui repose sur les 3 caractéristiques suivantes :

T – Thickness

Il s’agit de la profondeur atteinte par la lésion cutanée. Ceci est mesuré par l’indice de Breslow. Il s’agit d’une mesure en millimètres depuis la couche granuleuse de la peau jusqu’à la profondeur maximale atteinte par le mélanome à angle droit par rapport à l’épiderme.

Bien qu’il existe de nombreux facteurs impliqués dans la survie des patients diagnostiqués avec un mélanome, l’épaisseur de la lésion est l’un des plus importants. Plus elle est épaisse, plus le pronostic est mauvais et vice versa.

L’ulcération du mélanome entre également dans cette catégorie. Les ulcères sont des excavations qui se produisent sur la peau, en l’occurrence sur le mélanome. Leur présence représente un risque accru de propagation du cancer.

N – Ganglions lymphatiques

Les ganglions lymphatiques sont des structures qui font partie du système immunitaire et du système qui transporte la lymphe dans tout le corps. Étant répartis dans tout le corps, ils sont souvent le premier site de propagation des tumeurs.

La présence ou l’absence de ganglions lymphatiques affectés entourant le mélanome déterminera ce nom. Il existe une sous-catégorie appelée “en transit”, qui consiste en l’implication des ganglions lymphatiques locaux mais sans propagation aux ganglions lymphatiques systémiques.

M – Métastase

Elle implique la métastase ou la propagation du cancer à d’autres ganglions lymphatiques, à la peau ou aux organes adjacents. Les sites de propagation les plus fréquents sont les suivants :

  • Peau et tissu sous-cutané.
  • Poumon.
  • Système nerveux central.
  • Foie.
  • OS.

Dans la nouvelle classification du stade de mélanome de 2018, l’AJCC a introduit l’utilisation des niveaux de lactate déshydrogénase (LDH) dans cette catégorie. La LDH est une enzyme qui participe à l’oxydoréduction (un type de réaction chimique) et est libérée lorsqu’il y a des dommages aux cellules du corps, comme le cancer.

Stades et pronostic du mélanome

Pour le mélanome, 5 stades ont été établis : 0, I, II, III, IV et V. Au fur et à mesure que le nombre augmente, cela signifie que la tumeur s’est propagée davantage dans le corps et a un plus mauvais pronostic. Selon cela, ils sont regroupés en trois grands groupes:

  • Stade précoce : correspond aux stades 0 et I.
    • Stade 0 : Aussi appelé mélanome in situ, il se limite à la couche superficielle de la peau (épiderme).
    • Stade I : le mélanome est localisé mais invasif, c’est-à-dire qu’il s’est propagé à la couche suivante de la peau (derme) et mesure <1 millimètre selon Breslow.
  • Risque intermédiaire à élevé (locorégional) : la tumeur a envahi les ganglions lymphatiques ou la peau à proximité de la tumeur. Correspond au stade II.
    • Stade II : Le mélanome atteint une profondeur > 1 millimètre et peut être ulcéré ou non. Son risque de propagation aux ganglions régionaux est élevé, le médecin peut donc ordonner une biopsie du ganglion sentinelle.
  • Stade avancé (métastatique) : Le cancer s’est propagé loin du site où le mélanome a commencé à se développer. Il correspond aux stades III et IV.
    • Stade III : dans ce cas l’épaisseur n’est plus le facteur déterminant mais l’étalement. La tumeur s’est propagée à plus de 2 centimètres du site d’origine ou a atteint les ganglions lymphatiques locaux (microsatellites ou métastases satellites). À l’examen physique, ces nœuds peuvent être palpables ou non.
    • Stade IV : Dans ce stade final, il y a une atteinte de plusieurs ganglions lymphatiques ou d’autres organes (poumon, foie, SNC, os ou système gastro-intestinal).

Classification finale du mélanome

Les stades du mélanome sont quelque peu complexes

De cette façon, un numéro est attribué à chaque caractéristique (T, N, M) et une lettre (a, b, c, d) s’il existe une sous-catégorie. Ainsi, les stades du mélanome porteraient le nom suivant en fonction des résultats chez chaque patient.

T – Épaisseur

  • TX : épaisseur non évaluable (par exemple, échantillon de curetage).
  • T0 : aucun signe de tumeur primitive (régression indéterminée ou complète de la tumeur primitive)
  • C : mélanome in situ.
  • T1a : < 0,8 mm d’épaisseur sans ulcération.
  • T1b : < 0,8 mm d’épaisseur avec ulcération ou 0,8 à 1,0 mm d’épaisseur avec ou sans ulcération.
  • T2a : > 1,0 – 2,0 millimètres d’épaisseur sans ulcération.
  • T2b : > 1,0 – 2,0 millimètres d’épaisseur avec ulcération.
  • T3a : > 2,0 – 4,0 millimètres d’épaisseur sans ulcération.
  • T3b : > 2,0 – 4,0 millimètres d’épaisseur avec ulcération.
  • T4a : > 4,0 millimètres d’épaisseur sans ulcération.
  • T4b : > 4,0 millimètres d’épaisseur avec ulcération.

N – Ganglions lymphatiques

  • NX : non évaluable (stadification non réalisée ou nodule préalablement retiré).
  • N0 : pas de métastase régionale.
  • N1a : 1 métastase ganglionnaire, cliniquement cachée (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N1b : 1 métastase ganglionnaire, détectée cliniquement (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N1c : négatif pour métastase ganglionnaire, cliniquement occulte (positif pour métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N2a : 2 à 3 métastases ganglionnaires, cliniquement cachées (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N2b : 2 à 3 métastases ganglionnaires, détectées cliniquement (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N2c : 1 métastase ganglionnaire, cliniquement cachée ou détectée (positive pour les métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N3a : 4 métastases ganglionnaires ou plus, cliniquement cachées (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N3b : 4 métastases ganglionnaires ou plus, détectées cliniquement (pas de métastases en transit/satellite/microsatellite).
  • N3c : 4 métastases ganglionnaires ou plus (positives pour les métastases en transit/satellite/microsatellite).

M – Métastase

  • M0 : aucun signe de métastase à distance
  • M1a (0) : métastases à distance dans la peau, les tissus mous (y compris les muscles) ou les ganglions lymphatiques non régionaux + LDH non élevée.
  • M1a (1) : métastases à distance dans la peau, les tissus mous (y compris les muscles) ou le ganglion lymphatique non régional + LDH élevée.
  • M1b (0) : métastase pulmonaire + LDH non élevée.
  • M1b (1) : métastase pulmonaire + LDH élevée.
  • M1c (0) : métastase vers un organe autre que le SNC + LDH non élevée.
  • M1c (1) : métastase vers un organe autre que le SNC + LDH élevée.
  • M1d (0) : métastase au SNC + LDH non élevée.
  • M1d (1) : métastase au SNC + LDH élevée.

Les soins et la prévention sont la clé

Avoir subi 5 coups de soleil ou plus entre 15 et 20 ans augmente le risque de mélanome de 80 % et de cancer de la peau sans mélanome de 70 %. Diminuer votre exposition au soleil sur la plage et utiliser régulièrement un écran solaire peut aider à réduire votre risque de développer un cancer de la peau.

Tout nouveau naevus ou tache, nouveau changement (douleur, croissance, démangeaisons, inflammation) ou inhabituel dans une lésion, vous devez le prendre au sérieux pour voir votre dermatologue dès que possible. Si vous avez eu un mélanome, faites régulièrement votre bilan de santé avec votre dermatologue, pour un diagnostic précoce de récidive de mélanome.



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