Perturbateurs endocriniens : comment affectent-ils la santé?

Les perturbateurs endocriniens sont des composés qui, comme leur nom l'indique, perturbent la fonction endocrinienne de notre organisme. Ils affectent principalement le développement reproducteur et la croissance fœtale.
Perturbateurs endocriniens : comment affectent-ils la santé?
Samuel Antonio Sánchez Amador

Rédigé et vérifié par el biólogo Samuel Antonio Sánchez Amador.

Dernière mise à jour : 14 janvier, 2023

Le système endocrinien comprend un ensemble de glandes et d’organes qui fabriquent des hormones et les libèrent directement dans le sang. Les composés synthétisés par cet ensemble fonctionnel régulent pratiquement toutes les fonctions de l’organisme, y compris la vitesse de développement général, l’activité tissulaire, le métabolisme et l’activité des organes sexuels. Comment les perturbateurs endocriniens affectent-ils notre santé?

Le système endocrinien est aussi complexe qu’excitant, mais il existe un certain nombre de conditions qui peuvent provoquer un déséquilibre léger à grave. L’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie et le diabète sont les déséquilibres hormonaux les plus connus, bien qu’il en existe bien d’autres. La plupart de ces troubles se manifestent de manière systémique, car les hormones affectent plus d’un organe à la fois.

Malgré les connaissances approfondies dont on dispose sur les déséquilibres de l’appareil hormonal, la science ne cesse de nous surprendre. Nous vous présentons ici toutes les informations que vous devez savoir sur certains agents qui interfèrent avec notre système hormonal : les perturbateurs endocriniens.

Que sont les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens ressemblent à des hormones

Le National Cancer Institue (NCI) définit le système endocrinien comme « l’ensemble de glandes et d’organes qui fabriquent des hormones et les libèrent directement dans le sang afin qu’elles atteignent les tissus et les organes de tout le corps ». Les composés hormonaux sont essentiels à la vie et régulent le métabolisme, le développement et la reproduction quotidiens des êtres vivants.

Les principales structures de sécrétion hormonale du corps humain sont les ovaires, les testicules, le pancréas, les glandes surrénales, la thyroïde, les parathyroïdes, la glande pinéale, l’hypothalamus et l’hypophyse. Ce sont les principaux organes chargés de maintenir le système endocrinien à flot. Mais les reins, le foie, le cœur et d’autres tissus agissent comme des structures régulatrices secondaires.

Le fonctionnement des hormones est très complexe, cependant, il peut être résumé en quelques lignes. Les composés sont libérés dans l’espace extracellulaire, diffusent dans le système circulatoire, voyagent dans le sang et atteignent leurs tissus ou cellules cibles, où ils effectuent une tâche spécifique. Les récepteurs (membranaires et nucléaires) sont exprimés dans les cellules qui seront affectées par l’hormone en question.

Par ailleurs, les perturbateurs endocriniens sont des composés qui, d’une manière ou d’une autre, empêchent le bon fonctionnement de notre circuit hormonal. La Commission européenne les définit comme « des substances ou des mélanges exogènes qui altèrent la ou les fonctions du système endocrinien et, par conséquent, provoquent des effets néfastes sur la santé d’un organisme intact, de sa descendance ou de (sous)populations ».

Cette définition n’est pas seulement importante dans le monde humain, car elle inclut également les effets possibles de la libération de ces composés sur les écosystèmes. Bien que l’on parle de santé dans une perspective anthropique, il ne faut pas perdre de vue que le système endocrinien est présent chez de nombreux animaux. Ils sont malheureusement également affectés par les perturbateurs endocriniens.

Quelles sont leurs caractéristiques?

Les perturbateurs endocriniens sont nombreux et ont des structures très variées. Dans tous les cas, leur mécanisme d’action peut être résumé dans la liste suivante :

  1. Beaucoup de ces composés sont capables d’imiter l’activité biologique d’une hormone en se liant à son récepteur cellulaire. Cela peut amener la cellule stimulée à effectuer une réponse erronée, mal localisée ou excessive. On parle alors d’un effet agoniste.
  2. Certains perturbateurs endocriniens se lient au récepteur de la cellule cible, mais ne le stimulent pas. L’adhérence du composé étranger au mécanisme de réception hormonale du corps cellulaire rendra l’hormone réelle incapable de s’y lier. D’un point de vue fonctionnel, la cellule est inactivée. On parle d’un effet antagoniste.
  3. D’autres perturbateurs se lient simplement aux protéines de transport dans le sang. Cela modifie l’homéostasie du plasma sanguin et augmente la concentration de composés chimiques dans ce tissu conjonctif.
  4. Enfin, ces composés sont également capables de modifier la synthèse et le métabolisme des hormones dans l’organisme. Cela provoque une augmentation ou une diminution de la vitesse des processus métaboliques naturels, entre autres.

Certains de ces perturbateurs sont utilisés depuis des décennies en santé humaine, comme l’indique l’Environmental Protection Agency des États-Unis. Les pilules contraceptives en sont l’exemple le plus clair, car leur fonction principale est d’arrêter l’ovulation naturelle d’une femme. Cependant, de nombreux autres de ces composés sont rejetés dans l’environnement et ont des effets très indésirables.

Les perturbateurs endocriniens utilisés dans le monde médical sont conçus comme des médicaments. Seuls ceux qui génèrent un processus indésirable dans le corps, qu’il soit humain ou non, s’adaptent à cette définition.

Types de perturbateurs endocriniens

La typologie des perturbateurs endocriniens est basée sur leur nature chimique. Les êtres humains y sont exposés en consommant des aliments contaminés, en buvant de l’eau au contact de produits chimiques nocifs, en appliquant des produits cosmétiques non réglementés et en utilisant des pesticides.

Bien que les concentrations nocives de nombreux récepteurs endocriniens n’aient pas été élucidées, on soupçonne que de très faibles quantités peuvent affecter le corps. Les hormones sont des agents métaboliques très puissants, et ces produits chimiques les imitent ou les inhibent. Voici les exemples les plus importants avec leurs voies d’action spécifiques dans chaque scénario.

1. Xénoestrogènes

Les xénoestrogènes sont des composés chimiques qui font partie d’un groupe hétérogène d’agents hormonaux actifs. Ils peuvent être à la fois naturels et synthétisés par l’homme et leur objectif principal est d’imiter l’action des œstrogènes, l’hormone responsable de la régulation et du développement du système reproducteur féminin et de ses caractéristiques sexuelles secondaires.

Les xénoestrogènes sont sous les projecteurs de la communauté scientifique pour leur corrélation apparente avec divers problèmes de santé humaine (et animale), car ils ont le potentiel de perturber le processus naturel de reproduction. Nous vous montrons quelques exemples spécifiques au sein de ce groupe.

1.1 Alkylphénol

Ce composé représente un groupe fonctionnel de produits chimiques qui sont utilisés comme herbicides pour fabriquer du PVC et synthétiser du polystyrène modifié. Comme leur nom l’indique, ils sont obtenus par alkylation de composés phénoliques. Comme le souligne l’EPA, ils sont potentiellement toxiques, persistent dans l’environnement et ont la capacité de se bioaccumuler.

Les sources d’exposition aux alkylphénols dans l’environnement humain sont les suivantes :

  • Polluants aquatiques : la présence de ces composés chimiques a été constatée dans les eaux traitées de certaines régions. Il est également fréquent de les trouver dans les boues d’épuration.
  • Contaminants alimentaires : les contenants qui contiennent des alkylphénols dans leur composition pourraient s’accumuler (théoriquement) dans les aliments. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour vérifier ce fait.
  • Domicile et environnement domestique : les alkylphénols sont très courants dans les structures domestiques (par exemple, dans le PVC de nombreux tuyaux). Leur concentration semble également liée à l’utilisation de certains produits ménagers.

Des documents professionnels montrent que les alkylphénols ont non seulement des effets oestrogéniques, mais sont toxiques et favorisent même le cancer chez certains êtres vivants. La bioaccumulation de ces composés dans les rejets et dans l’environnement est un problème pour la faune, mais aussi pour l’être humain et sa santé en tant qu’espèce à long terme.

1.2 Bisphénol A (BPA)

Le BPA est l’un des perturbateurs endocriniens les plus présents dans la société en général, car il est utilisé dans la production de polycarbonates, de résines époxy, de certaines polysulfones et d’autres matériaux de niche. Son effet est très similaire à celui de l’œstrogène et pendant des décennies, divers gouvernements ont remis en question ce composé. Pour cette raison, de plus en plus de plastiques sans BPA sont fabriqués.

La clinique Mayo met également en alerte lors de l’analyse du bisphénol A. Cet organisme cite plusieurs sources qui affirment que le composé s’infiltre dans les aliments et les boissons conservés dans des récipients en plastique contenant du BPA. Il a été associé à un dysfonctionnement cérébral chez les enfants et à une augmentation de la pression artérielle, du diabète et des maladies cardiovasculaires chez les adultes.

Les agences médicales gouvernementales conseillent d’éviter les récipients en plastique contenant du BPA, surtout s’ils doivent être exposés à la chaleur.

1.3 Dichloro diphényl trichloroéthane (DDT)

Un moustique sur la peau.

Le dichloro diphényl trichloroéthane, mieux connu sous le nom de DDT, est un composé organochloré indispensable à la synthèse des pesticides. Autrefois, il était principalement utilisé contre les insectes nuisibles qui sévissaient dans les cultures américaines, mais plus tard, son utilisation a également commencé afin de minimiser les populations de moustiques (transmetteurs du paludisme et d’autres maladies).

C’est l’un des perturbateurs endocriniens déjà interdits en matière d’achat et d’emploi. Tous les produits insecticides contenant du DDT sont interdits dans le monde (aux États-Unis depuis 1969). Car en plus de son effet toxique, son analogie avec les œstrogènes provoque l’interruption du cycle de reproduction de divers animaux.

Nous allons plus loin, puisque des sources scientifiques ont montré que le DDT a des effets négatifs sur le système reproducteur masculin humain. Divers tests sur des travailleurs qui ont été exposés à cette substance ont montré que leur santé reproductive et la qualité de leur sperme étaient beaucoup plus faibles après avoir été exposés à cet insecticide pendant de longues périodes.

2. Autres perturbateurs endocriniens possibles

Les xénoestrogènes ont été largement étudiés, mais on soupçonne qu’il existe beaucoup plus de perturbateurs endocriniens ayant des fonctions similaires ou différentes de celles des composés déjà mentionnés. Voic quelques exemples dans la liste suivante :

  • Dioxines : ces composés sont obtenus à partir de procédés de combustion impliquant principalement du chlore. Ils se bioaccumulent dans l’environnement et augmentent en concentration à mesure que le niveau dans la chaîne trophique augmente. Les dioxines se trouvent à l’état de traces dans l’alimentation humaine.
  • Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) : ils sont localisés dans des sources naturelles, bien qu’ils puissent également être obtenus après combustion incomplète de matière organique. La fumée de tabac est l’agent causal de 90 % des niveaux d’HAP à l’intérieur des maisons des fumeurs.
  • Composés phénoliques : dans le bisphénol A il fait partie de ce groupe, mais aussi de nombreux autres produits chimiques (comme le butylhydroxytoluène, le nonylphénol et l’acide picrique).

La recherche sur les effets des perturbateurs endocriniens potentiels sur le corps humain et d’autres animaux se poursuit aujourd’hui. Les modèles expérimentaux (surtout les souris de laboratoire) nous aident beaucoup à comprendre leur dynamique à micro-échelle, mais il est aussi nécessaire de savoir comment ils affectent l’ensemble de l’écosystème.

La létalité de la plupart de ces composés chimiques augmente au fur et à mesure que la chaîne alimentaire s’allonge. Autrement dit, ils s’accumulent dans les tissus des proies et les animaux qui finissent par contaminer le plus sont les prédateurs (le sommet de la pyramide alimentaire).

Perturbateurs endocriniens et santé humaine

Bien que toutes les informations présentées semblent alarmantes d’un point de vue social et sanitaire, il est essentiel de noter qu’aujourd’hui les gouvernements du monde mettent des mesures pour éviter l’utilisation de certains perturbateurs endocriniens dans les produits couramment utilisés. Par exemple, aux États-Unis, la Toxic Substances Control Act a été adoptée en 1976 pour interdire nombre d’entre eux.

De son côté, la Commission européenne recense les perturbateurs endocriniens présents sur le marché dans des milliers de produits depuis 2013 (désinfectants, insecticides et cosmétiques surtout) afin de les interdire définitivement.

Que faire pour éviter la consommation indirecte de perturbateurs endocriniens ? Malheureusement, la réponse n’est pas simple. Les produits chimiques se trouvent dans nos aliments et dans l’environnement, mais vous pouvez toujours choisir une source plus fiable lorsque vous consommez des aliments provenant d’élevages extensifs (non intensifs) et en minimisant l’utilisation d’emballages en plastique.




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