L'attachement évitant : caractéristiques et conséquences

L'attachement évitant a de multiples implications dans la vie adulte. Quelles sont-elles? Quelles sont ses caractéristiques? etc...
L'attachement évitant : caractéristiques et conséquences
Laura Ruiz Mitjana

Relu et approuvé par la psicóloga Laura Ruiz Mitjana.

Dernière mise à jour : 26 février, 2023

Au milieu du siècle dernier, le psychologue britannique John Bowlby a formulé les bases de ce que l’on appelle aujourd’hui la théorie de l’attachement. En résumé, la théorie postule que le développement social et affectif d’un sujet est conditionné par des expériences interpersonnelles avec un soignant durant l’enfance. Les principaux types d’attachement sont sécure, anxieux, désorganisé et évitant. Aujourd’hui, nous vous parlons de l’attachement évitant et de son impact à l’âge adulte.

Caractéristiques de l’attachement évitant

L’attachement évitant, également appelé attachement dédaigneux ou attachement insécure, se caractérise par l’évitement des parents ou des soignants pendant la petite enfance.

Les enfants qui développent ce type d’attachement ne manifestent pas de préférence entre un soignant et un parfait inconnu. Ils ne montrent pas d’intérêt particulier pour leurs parents ou leur entourage, au-delà de dépendre d’eux pour l’essentiel de la vie quotidienne (logement, nourriture, etc.).

C’est dans les années 1970 que Mary Ainsworth et Silvia Bell ont développé une expérience connue sous le nom de “procédure de situation étrange”. Dans ce document, les réactions de 56 enfants ont été explorées lorsque leurs mères ont quitté la pièce pendant qu’ils jouaient. Dans la salle se trouvait une soignante formée pour évaluer les réactions des petits face à un étranger en l’absence de leur mère.

Les petits avec un style d’attachement sécurisé pleuraient et développaient de la détresse après que leur mère ait quitté la pièce. De leur côté, ceux qui présentaient un style d’attachement évitant sont restés sereins face à cette action. Cette expérience simple illustre ce qu’est l’attachement évitant. Nous passons en revue ses principales caractéristiques durant l’enfance :

  • Excès d’indépendance et d’autonomie dans les activités quotidiennes.
  • Tendance à ne pas chercher de réconfort chez ses parents (par exemple, face à une chute).
  • Répression des sentiments et des émotions.
  • Pensées fragiles sur eux-mêmes.
  • Tendance à rejeter le contact physique avec leurs parents.
  • Tendance à éviter le contact visuel avec les parents et les soignants.
  • Capacité à maintenir un certain calme dans des situations qui suscitent des émotions intenses.
  • Tendance à se méfier des autres.

Ce sont quelques-uns des signes les plus évidents d’un style d’attachement évitant. Ils se manifestent progressivement, et tous apparaissent pendant l’enfance.

Malgré la propension à ne pas rechercher l’affection, l’amour ou le soutien de leurs parents ou tuteurs, les enfants développent encore de l’angoisse et du stress dans des contextes où ils sont séparés d’eux. La différence est qu’ils ne l’extériorisent pas et font preuve d’un calme apparent.

Les causes de l’attachement évitant

Un enfant qui pleure

La théorie de l’attachement postule que tous les types se développent pendant la petite enfance. Pour des raisons évolutives, la tendance naturelle des enfants est de développer un style sécurisant.

La réponse des parents ou des tuteurs est ce qui façonne ce type d’attachement, ainsi que celui des autres. Par conséquent, lorsque les parents ou tuteurs expriment un rejet ou peu d’attention lors de la création d’un lien sécurisant, une distorsion de la tendance naturelle à le développer apparaît.

Le rejet continu amène les tout-petits à réprimer leurs réactions à des situations qui causent de l’angoisse ou du stress. Tout cela parce qu’une certaine réaction (comme pleurer, par exemple) ne déclenche pas telle réponse chez l’autre personne (parent ou soignant). Lorsque ce dernier n’est pas émotionnellement disponible ou ne répond pas aux réactions, le style d’attachement évitant se développe.

De cette façon, le petit ne se contente pas de réprimer sa réaction face à des contextes stressants ; mais leur dépendance vis-à-vis de leur parent ou soignant diminue progressivement.

Cela peut également apparaître lorsque le petit manifeste des réactions, mais celles-ci sont sanctionnées et forcées à être réprimées par le parent ou le soignant. Selon la théorie, la période critique pour la consolidation de tout style d’attachement va de six mois à trois ans.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles un parent ou un tuteur montre peu d’empathie ou de réponse à une certaine réaction de ses enfants. Frustration due au processus parental, manque d’empathie, manque de connaissances sur la façon d’aborder certaines situations quotidiennes de maternité et de paternité, peu d’engagement et, très important, la présence de son propre style d’attachement évitant.

Conséquences de l’attachement évitant à l’âge adulte

Jusqu’à présent, nous n’avons fait allusion qu’à l’attachement évitant pendant l’enfance. Maintenant que vous connaissez ses causes et ses caractéristiques, vous pouvez comprendre ses conséquences sur la vie quotidienne d’un adulte.

Comme pour les autres types d’attachement, l’évitement affecte initialement les relations interpersonnelles. C’est-à-dire les relations avec la famille, les amis, les collègues et celles qui se développent dans un contexte romantique.

En omettant de nombreux détails, la caractéristique fondamentale de l’attachement évitant est que les individus sont mal à l’aise avec la proximité et l’intimité émotionnelles. Aussi, avec la dépendance à une personne qui fait partie de son entourage proche. Sur cette base, nous pouvons délimiter les conséquences suivantes dans la vie adulte.

Expériences parentales

Une étude publiée dans Personality and Social Psychology Bulletin en 2006 a révélé que les parents ayant un style d’attachement dédaigneux ou insécurisé éprouvent un stress accru après la naissance de leur enfant et perçoivent la parentalité comme moins épanouissante et personnellement significative. Pour tout cela, ils développent de la frustration, de l’angoisse et même du rejet de l’expérience. Cela peut avoir pour effet de favoriser l’attachement évitant chez leurs propres enfants.

Excès d’indépendance et d’autonomie dans leurs relations

On sait que ce style d’attachement entraîne un excès d’autonomie dans les relations de couple. Cela se traduit par une tendance à l’individualisme dans la prise de décision, lors de la planification des activités et de la répartition du temps libre.

En général, les personnes concernées supposent que la recherche d’une proximité psychologique ou émotionnelle avec leurs partenaires amoureux n’est pas souhaitable ni même possible.

Opinions négatives sur leurs partenaires amoureux

L'attachement évitant conduit à des problèmes amoureux

Les experts suggèrent que les personnes évitantes ont souvent une opinion négative de leurs partenaires amoureux. Au début, elles ont tendance à penser qu’ils ne les aiment pas, qu’ils vont les abandonner à tout moment ou qu’ils sont sujets à l’infidélité.

Ces croyances sont renforcées par d’autres : penser que l’on est indigne d’amour et ne mérite pas le soutien et l’attention des autres.

Tendance à être infidèle

Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology en 2011 a révélé que les personnes ayant le style d’attachement évitant développent une plus grande tendance à l’infidélité.

Comme elles montrent un niveau d’engagement moindre dans leurs relations amoureuses, elles peuvent montrer moins de résistance aux tentations d’être infidèles. Sans surprise, certains experts préviennent que le bien-être subjectif d’une personne ayant un partenaire avec ce type d’attachement est plus faible.

Moins de volonté de demander et d’offrir de l’aide

Nous avons déjà établi que ce type d’attachement se caractérise par l’indépendance et l’autonomie. Pour tout cela, les sujets sont réticents à demander de l’aide dans des contextes où ils en ont besoin.

Mais ce n’est pas tout. Une étude publiée dans Personality and Individual Differences en 2015 a suggéré qu’ils sont également moins susceptibles d’offrir de l’aide. En effet, ils perçoivent les coûts de l’aide comme plus importants, ce qui se traduit par des comportements altruistes moins fréquents.

En pratique, les conséquences de ce style d’attachement sont nombreuses, mais celles-ci sont parmi les plus importantes à l’âge adulte.

Enfin, comme nous l’avons déjà mentionné, il s’agit d’un type d’attachement qui se consolide pendant l’enfance, bien que les expériences de l’adolescence et de l’âge adulte contribuent à le renforcer. Lorsqu’il a un impact négatif sur la vie quotidienne d’une personne, l’approche thérapeutique peut être considérée comme une méthode pour y répondre.



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