Kleptomanie : symptômes, causes et traitement
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la kleptomanie est cette tendance au vol pathologique qui consiste en un trouble dans lequel on échoue à plusieurs reprises à résister aux impulsions de voler des objets qui ne sont pas acquis pour un usage personnel ou pour le gain monétaire qu’ils impliquent.
C’est une maladie rare. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), sa prévalence dans la population générale est de 0,3 à 0,6 %. En revanche, entre 4 et 24 % des personnes interpellées pour vol à l’étalage et grands magasins souffrent de kleptomanie.
Cependant, elle peut être sous-diagnostiquée, car peu de personnes vont en thérapie par honte et beaucoup d’autres sont arrêtées. Que savons-nous d’autre sur la maladie ? Comment se manifeste-t-elle, pourquoi apparaît-elle et quel peut être son traitement?
Qu’est-ce que la kleptomanie ?
La kleptomanie est un trouble du contrôle des impulsions caractérisé par une incapacité récurrente à résister à l’envie de voler des objets dont la personne n’a pas besoin ou qui n’ont aucune valeur. Autrement dit, ce serait comme une dépendance à l’acte de voler.
C’est une maladie rare, mais qui peut devenir grave si elle n’est pas traitée. Car elle provoque une détresse émotionnelle chez la personne qui en souffre et chez ses proches. En outre, cela peut également entraîner des conséquences juridiques. D’autre part, de nombreuses personnes souffrant de kleptomanie portent secrètement leur problème.
Trouble du contrôle des impulsions
Dans le DSM-5, la kleptomanie est considérée comme un « trouble destructeur, du contrôle des impulsions et des conduites », avec le trouble des conduites de l’adolescence. Lorsque nous parlons d’un trouble du contrôle des impulsions, nous faisons référence à la maîtrise de soi, qu’elle soit émotionnelle ou comportementale.
Ainsi, la personne atteinte de kleptomanie ressent une envie irrépressible de voler ou une grande difficulté à résister à cette tentation. Les actions de ces troubles sont souvent excessives ou nocives, soit pour soi-même, soit pour les autres.
Une variante du TOC ?
Certains experts ont suggéré un lien entre la kleptomanie et le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), puisque l’anxiété ressentie par ces personnes est soulagée par l’acte de voler. Tout comme le seraient les compulsions de l’autre condition. Ainsi, le vol agirait comme un renforcement négatif, en réduisant ou en éliminant ce sentiment désagréable ou anxieux.
Il a même été suggéré que la kleptomanie pourrait être une variante du TOC et qu’elle pourrait être classée comme un trouble du spectre obsessionnel-compulsif. Cependant, cette hypothèse n’a pas encore été prouvée et est actuellement considérée comme un trouble destructeur du contrôle des impulsions et de la conduite dans le DSM-5.
Symptômes de la kleptomanie
Quels sont les symptômes de la kleptomanie ? En général, les éléments suivants apparaissent.
Vol impulsif
La principale caractéristique des kleptomanes qui les différencie des voleurs à l’étalage réguliers est qu’ils ne volent pas pour leur profit personnel. En effet, la plupart de ce qu’ils volent est sans valeur. De cette façon, les kleptomanes le font parce qu’ils ressentent une impulsion irrépressible.
Episodes spontanés
Les vols se produisent spontanément. Autrement dit, ils ne sont généralement pas prémédités ou planifiés. De plus, la personne les réalise seule, sans aide ni collaboration d’autrui.
Vol dans les lieux publics
Ce sont des personnes qui volent généralement dans les lieux publics, comme les magasins ou les supermarchés. Certains même peuvent le faire chez le médecin, le dentiste et même des amis ou des connaissances.
Articles de faible valeur
Les objets volés par les kleptomanes sont généralement de peu de valeur ou dont la personne n’a pas besoin. C’est-à-dire qu’ils ne volent pas par plaisir ou par nécessité ou pour gagner de l’argent, mais parce qu’ils sentent qu’ils ne peuvent pas faire autrement.
Dissimulation
Il existe deux types de dissimulation dans la kleptomanie. D’une part, les objets volés sont cachés et ne sont jamais utilisés. D’autre part, comme nous l’avons dit précédemment, la personne a tendance à cacher son problème par peur ou par honte.
Fait curieux, de nombreux kleptomanes donnent même les objets qu’ils volent à des amis ou à des parents. Ils peuvent également les ramener secrètement là où ils ont été volés.
Oscillation d’impulsion
L’impulsion de voler peut être plus ou moins intense à un moment ou à un autre ou disparaître pendant un moment. En d’autres termes, l’impulsion irrépressible évolue dans le temps, pouvant produire des pointes dans le trouble qui pourraient être liées à l’humeur ou à la situation personnelle de la personne atteinte de kleptomanie.
Causes de la kleptomanie
Pourquoi la kleptomanie apparaît-elle? Selon la clinique Mayo, la kleptomanie commence généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, bien qu’elle puisse commencer plus tard (à partir de la fin ou du milieu de l’âge adulte). Environ les deux tiers des personnes atteintes de ce trouble sont des femmes. Les facteurs de risque associés sont de différents types :
- Antécédents familiaux : avoir un parent au premier degré atteint de kleptomanie (une mère ou un frère ou une sœur), ainsi qu’un trouble obsessionnel-compulsif, un trouble lié à l’alcool ou à d’autres substances, peut augmenter le risque de kleptomanie.
- Avoir une autre maladie mentale : les personnes atteintes de kleptomanie ont souvent une autre maladie mentale sous-jacente (trouble bipolaire, trouble anxieux, trouble de l’alimentation).
- Traumatisme crânien : les personnes qui ont subi un endommagement du lobe frontal et donc une affection de la capacité d’inhibition comportementale peuvent être kleptomanes.
- Altérations neurochimiques : au niveau dopaminergique, sérotoninergique et opioïde endogène.
- Structures cérébrales impliquées : une possible implication du noyau accumbens est également postulée, cette structure étant liée à d’autres addictions.
Autres causes possibles : personnalité et humeur
D’autre part, il peut y avoir une prédisposition biologique ou apprise des modèles parentaux. Dans les structures de personnalité du spectre paranoïde, schizoïde et borderline, un risque plus élevé de kleptomanie a également été trouvé.
Les personnes très impulsives sont également plus à risque de le manifester. Ainsi que celles qui tolèrent peu les gratifications différées, avec une grande sensibilité aux récompenses ainsi qu’une tendance anxieuse. Vivre un trouble de l’humeur, comme bipolaire ou dépressif, pourrait également être lié.
Traitement de la kleptomanie
La kleptomanie est un trouble qui nécessite un traitement, surtout s’il interfère avec la vie de l’individu. L’idéal est une approche combinée qui comprend une intervention psychologique et pharmacologique.
Thérapie psychologique
Au niveau psychologique, la désensibilisation systématique (DS) est souvent utilisée. Grâce à elle, le patient est exposé à des situations anxiogènes dans le but d’y faire face sans adopter de comportements inappropriés. Tout cela à l’aide de techniques de relaxation qui favorisent un état de calme incompatible avec l’anxiété.
Elle cherche également à favoriser l’apprentissage de comportements alternatifs au vol. Une autre option psychologique est l’exposition avec prévention de la réponse, une thérapie qui est également utilisée dans les troubles dans lesquels le contrôle des impulsions est altéré.
La psychoéducation est également utile, notamment pour que le sujet comprenne ce qui lui arrive et comment on peut l’aider (elle est proposée à la famille et aux amis du patient). Enfin, la thérapie d’acceptation et d’engagement est considérée comme une alternative efficace.
Pharmacothérapie pour traiter la kleptomanie
Au niveau pharmacologique, les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) se sont révélés efficaces pour la kleptomanie. Au moins pour aider à soulager les symptômes avec une thérapie psychologique. Les ISRS sont également utilisés dans les cas de TOC, en particulier la fluoxétine et la fluvoxamine.
Enfin, les médicaments mentionnés seraient ceux de choix, bien que des stabilisateurs de l’humeur, des anticonvulsivants ou même des médicaments contre l’alcoolisme, comme la naltrexone, soient également utilisés. Cependant, si nous souffrons de kleptomanie ou si nous connaissons quelqu’un qui en souffre, il est préférable de s’adresser à un professionnel spécialisé qui pourra nous aider.
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