Hallucinations auditives : pourquoi surviennent-elles ?

Des fleuves d'encre ont été écrits sur l'origine des hallucinations auditives. Quelles sont donc les différentes hypothèses sur leurs causes?
Hallucinations auditives : pourquoi surviennent-elles ?
Gorka Jiménez Pajares

Rédigé et vérifié par el psicólogo Gorka Jiménez Pajares.

Dernière mise à jour : 14 mars, 2023

Les hallucinations auditives consistent en la perception d’éléments sonores, parfois dénués de sens (comme des petits bips ou des acouphènes), alors qu’à d’autres occasions ce sont des conversations, dont l’impact sur la personne est très intense. Cependant, de tels sons sont loin d’exister. Ils sont le résultat de l’esprit de la personne.

Ainsi, les hallucinations auditives ont tout l’impact de ce que serait la perception réelle. Par exemple, Patrick est un homme de 21 ans qui vient au bureau et identifie clairement deux voix. La première d’entre elles s’appelle Clara et lui verbalise “tu es un mauvais garçon, très mauvais” tandis que l’autre voix, Rosa, ne s’adresse qu’à Clara. Elle n’a jamais été en contact avec Patrick, qui écoute avec un malaise évident des voix du type « Je suis tout à fait d’accord avec toi, Clara. Il est le destructeur du monde.”

“Certaines personnes sans trouble mental ont des expériences hallucinatoires transitoires.”

-Association américaine de psychiatrie-

Quels types d’hallucinations existe-t-il ?

Il existe autant de types de phénomènes hallucinatoires que de modalités sensorielles que possède l’être humain (Belloch, 2020). À leur tour, il peut s’agir de phénomènes simples tels que “entendre les étourneaux gazouiller” ; ou complexe, comme c’est le cas de Patrick que nous avons mis au début de l’article. De même, les hallucinations peuvent être les suivantes (Belloch, 2021) :

  • Visuelles: comme voir de petits animaux qui rampent autour du lit avec pour mission de ronger les fils des draps.
  • Somatiques: comme cela se produit lors de la sensation d’insectes qui créent de petits tunnels sous la peau, qui sont vraiment loin d’exister.
  • Olfactives: comme sentir le pourri au milieu d’un jardin de tulipes.
  • Tactiles: comme sentir que diverses entités ou “esprits” frôlent la peau du patient.
  • Gustatives: comme remarquer le goût de la barbe à papa comme extrêmement amer.
  • Kinesthésiques (c’est-à-dire lié à la perception de la façon dont son propre corps bouge): par exemple, remarquer que les doigts de la main droite bougent intensément, alors qu’en réalité ils sont immobiles.
  • Musicales: par exemple “écouter l’hymne national” en plein silence.

L’éventail des modalités est extrêmement large. De plus, on sait maintenant que “plus le phénomène hallucinatoire est complexe”, plus sa cause est probablement psychiatrique plutôt qu’organique.

Par exemple, “percevoir des sons de cricket dans le fond de l’esprit” a le plus souvent une cause organique. En revanche, “écouter la voix de Dieu” est plus étroitement lié aux psychopathologies psychiatriques telles que la schizophrénie.

“La schizophrénie ne peut être comprise sans comprendre le désespoir.”

-Ronald David Laing-

Quelles sont les causes des hallucinations auditives?

Il existe de nombreuses enquêtes qui ont tenté de trouver la cause de l’hallucination auditive. Par conséquent, les hypothèses actuellement envisagées sont nombreuses et suggèrent que le phénomène hallucinatoire pourrait être la conséquence à la fois d’une prédisposition biologique et psychologique à halluciner. Faisons le tour des différentes théories qui expliquent l’étiologie des hallucinations auditives.

L’étude d’Hebb

Les hallucinations auditives surviennent dans des contextes d'isolement

Selon Hebb, tout le monde a le potentiel d’halluciner. Une seule condition est nécessaire : que la personne soit déficiente sensorielle. C’est-à-dire qu’elle soit complètement isolée.

Pour cette étude, il a soumis différentes personnes à différents types de stimulation auditive. Parmi les résultats de son étude, il a été constaté que lorsque le stimulus auditif était monotone, les patients se sentaient intensément irrités et apathiques.

Parfois, ils développaient même les symptômes d’une attaque de panique. Parallèlement à ce qui précède, les patients ont signalé des anomalies dans leur perception, c’est-à-dire des hallucinations.

“Les hallucinations pourraient consister en une réponse” normale “à l’absence ou à une diminution drastique de la stimulation environnementale.”

-Amparo Belloch-

Les “sensations visuelles auditives” de Zuckerman

Zuckerman (Belloch, 2021) a fait une différenciation entre les différents types d’hallucinations auditives. Ainsi, il a proposé que :

  • Les hallucinations de type A sont celles qui sont simples, comme de petits sons ou des fragments de sons.
  • Les hallucinations de type B sont complexes et ont une signification particulière pour la personne.

Dans ses expériences, Zuckerman a remarqué qu’à mesure que les patients devenaient de plus en plus “privés” d’un point de vue sensoriel (c’est-à-dire non stimulés ou isolés), une curieuse progression se produisait.

Ainsi, au fur et à mesure que les participants s’isolent des sources de stimulation sensorielle, les hallucinations, initialement de type A, deviennent progressivement des hallucinations de type B.

“Jusqu’à 15% des participants ont signalé des hallucinations auditives complexes ou de type B.”

-Amparo Belloch-

Étude de Slade et Bentall

Ces auteurs proposent deux variables importantes dans le cas des hallucinations auditives : les attentes et la suggestion. En effet, si la stimulation environnementale (par exemple, les bruits de la conduite des voitures) est rare ou nulle (c’est-à-dire que le patient est isolé), le risque d’hallucination augmenterait lorsque la personne y est prédisposée.

En ce sens, il a été constaté que, si les patients effectuaient des tâches verbales (comme chanter ou verbaliser leurs pensées à haute voix), la probabilité que des hallucinations auditives apparaissent diminuait. Ils mentionnent que “le mot” pourrait être un marqueur temporaire externe qui inhibe la présence du phénomène hallucinatoire.

“Dans l’expérience de Slade et Bentall, il a été constaté que moins la situation est complexe, plus les hallucinations sont claires et durables, et vice versa.”

-Amparo Belloch-

Variables influentes dans l’origine des hallucinations auditives

Dans la population générale, jusqu’à 27 % des personnes ont eu des hallucinations à un moment donné de leur vie (Belloch, 2021). De cette façon, il vaut la peine de se demander quelles autres variables influencent les hallucinations auditives ? Nous vous les expliquons :

  • Comme nous l’avons vu, une stimulation environnementale faible et peu structurée (par exemple, l’isolement) augmente la probabilité d’éprouver des hallucinations auditives.
  • La capacité de la personne à créer des fantasmes ou à imaginer des événements fantastiques, ainsi que la capacité de devenir abstrait ou “perdu” dans l’imagination, sont deux facteurs de risque dans ce contexte.
  • Il existe un trait dans la personnalité de certains sujets qui augmente la probabilité de vivre ces phénomènes hallucinatoires. On parle de schizotypie.
  • Certaines substances (par exemple la mescaline, le LSD ou le cannabis) peuvent provoquer des hallucinations auditives. En ce sens, il a été constaté que les effets du LSD varient en fonction de la personnalité et des attentes de la personne qui en consomme. Cette substance pourrait potentiellement “hypersensibiliser” les systèmes sensoriels.
  • Le traumatisme est un autre des facteurs qui a été fréquemment associé au psychotique, dans différentes enquêtes. Il existe une forte association entre le fait d’avoir subi des abus sexuels dans l’enfance et la présence d’hallucinations auditives à l’âge adulte.

En effet, il a été constaté que « se faire violer avant l’âge de 16 ans » multiplie par six le risque de souffrir d’hallucinations auditives dans l’année qui suit l’agression.

La relation entre traumatisme et symptômes psychotiques est de type « dose-effet ». Autrement dit, plus les traumatismes ont été fréquents, plus la probabilité de souffrir d’hallucinations auditives est grande (Belloch, 2021).

“Les traumatismes les plus associés aux hallucinations sont les abus sexuels et le harcèlement.”

-Amparo Belloch-

Les « auditeurs de voix »

Il est de plus en plus fréquent de trouver des experts en psychiatrie et psychopathologie remettant en question le diagnostic de psychose. En ce sens, ils défendent que les expériences psychotiques sont des phénomènes typiquement humains et éminemment psychologiques.

Dans le contexte dont nous parlons, il existe une hypothèse, appelée ‘entendre des voix’ dont l’objectif est de valider l’expérience (Belloch, 2021).

Ainsi, le fait « d’entendre des voix » est moins stigmatisant (Belloch, 2021). En validant cette expérience hallucinatoire et en la qualifiant de “normale”, on constate une amélioration de la santé mentale de la personne.

Pour cela, ce qu’on appelle des “groupes d’entraide” ont été créés, auxquels les auditeurs de la voix peuvent assister afin de partager leur expérience et les stratégies qu’ils mettent en œuvre pour faire face à ce fait.

“Les auditeurs de voix sans diagnostic psychiatrique ressentent un faible inconfort et une plus grande capacité à gérer et à contrôler leur voix.”

-Amparo Belloch-

La théorie de Morrison : une nouvelle explication des hallucinations auditives

Les hallucinations auditives ont diverses explications.

Il existe de nombreuses variables, hypothèses et théories qui tentent d’expliquer l’origine des hallucinations auditives. Pour conclure cet article, nous trouvons intéressant d’apporter quelque chose de nouveau concernant l’état de cette question.

Selon Morrison, il y aurait une correspondance entre ce qui se passe dans le cadre du TOC et les hallucinations auditives. Pour l’auteur, les pensées intrusives (IP ou obsessions) présentes dans le TOC pourraient être comprises comme des “hallucinations auditives”.

Il justifie cette idée en affirmant que les hallucinations, comme les IP, sont loin d’être intentionnelles. De plus, il propose que :

  • Les IP et les hallucinations auditives ont une signification émotionnelle significative.
  • Leur contenu est souvent désagréable et indésirable.
  • Elles traitent d’événements et de phénomènes rares et la personne est incapable d’exercer un contrôle sur elles.

En effet, il a été observé que les patients susceptibles de souffrir d’hallucinations auditives rapportent un plus grand nombre de pensées intrusives. Pour réduire le degré d’intrusion de la pensée, la personne ferait une «attribution de la pensée à l’extérieur». Autrement dit, cela transformerait sa pensée intrusive en une voix (entendue de l’extérieur).

Les hallucinations auditives sont multifactorielles

Enfin, l’importance de ces altérations sensorielles est si grande que de nouvelles recherches sont encore en cours à cet égard, notamment quant à leur véritable origine. Il s’agit alors d’un problème multifactoriel qui peut diminuer la qualité de vie des personnes concernées, nécessitant donc une approche multidisciplinaire précoce.



  • Belloch, S. A. (2023). Manual De Psicopatologia, Vol I.
  • American Psychiatric Association. (2014). DSM-5. Guía de consulta de los criterios diagnósticos del DSM-5: DSM-5®. Spanish Edition of the Desk Reference to the Diagnostic Criteria From DSM-5® (1.a ed.). Editorial Médica Panamericana.
  • Perona-Garcelán, S. (2006). Estado actual de la investigación psicológica en las alucinaciones auditivas. Apuntes de Psicología, 83-110.
  • Langer, Á. I., & Cangas, A. J. (2007). Fundamentos y controversias en la diferenciación entre alucinaciones en población clínica y normal. Terapia psicológica, 25(2), 173-182.

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