Quels sont les types de concept de soi selon William James?

Le concept de soi selon William James peut être perçu de manière à la fois compartimentée et intégrée. Découvrez-en davantage...

Rédigé et vérifié par el psicólogo Gorka Jiménez Pajares.

Dernière mise à jour : 08 novembre, 2023

Combien de fois nous sommes-nous demandé « Qui suis-je » ? Après cela, nous pouvons réagir de plusieurs manières. Toutes sont valables, car elles définissent les caractéristiques intrinsèques du « je » et rendent compte de ce que nous appelons sous le terme « concept de soi ».

Après nous être posé des questions comme celle-ci, nous pouvons commencer à définir qui nous sommes. Cependant, essayer de comprendre ce que nous savons de notre « Soi », c’est-à-dire quelles sont nos forces et nos limites, peut s’avérer complexe.

Il est difficile pour les gens de prendre leurs distances avec eux-mêmes. C’est-à-dire observer notre « soi» de l’extérieur, comme s’il s’agissait d’un objet étranger à partir duquel nous pouvons nous interroger. Cela nous invite à réfléchir sur la complexité du concept de soi.

Qu’est-ce que le concept de soi ?

William James fut le premier psychologue à réfléchir sur ce terme complexe. Pour lui, il y avait une différence essentielle entre ce qu’il appelait le « je avec conscience » ou la capacité de réfléchir et de s’imaginer à la première personne (ce que chacun possède : « je suis intelligent ») et le « je en tant qu’entité » qui « peut être pensé » (ce que chacun est : le corps, les pulsions et les motivations ).

Au fil du temps, nous avons assimilé certains termes. Ainsi, le « moi » serait un équivalent du « je » et ferait référence à l’univers des cognitions (pensées et interprétations) et des expériences affectives. Ce cosmos se produit dans notre esprit à la fois consciemment et intentionnellement puis de manière cachée, inconsciente et automatique.

Grâce à cela, nous sommes en mesure d’établir des plans et de les exécuter. Tout cela se produit pendant que nous observons notre comportement et les conséquences de nos actions dans le contexte qui nous entoure. Cela implique un « feedback », qui nous permet de construire et d’extraire des interprétations et des significations de tout ce qui nous arrive.

Une construction complexe

Ce terme est, comme nous pouvons le constater, une question remarquablement complexe. C’est une structure psychique qui nous permet d’accéder aux connaissances que nous avons sur nous-mêmes. De plus, cette connaissance a la caractéristique qu’« elle a été validée » d’une manière véridique et définit ce que nous croyons être.

Elle peut résister au changement. Car sa fonction est de structurer nos comportements, nos émotions et nos pensées, toute donnée ou stimulus qui remet en question le contenu du concept de soi générera une résistance notable. Elle est donc peu perméable aux changements qui nous arrivent.

Cependant, pour William James, le concept de soi est loin d’être une structure monolithique, imperméable et rigide. Bien au contraire, il s’agit d’un système de connaissances dynamiques dont les caractéristiques sont la flexibilité et la multitude de formes qu’elle prend.

Par conséquent, les êtres humains sont capables de construire des conceptions différentes d’eux-mêmes. Nous le faisons en fonction de la situation que nous vivons et affrontons, dans des contextes très particuliers.

Le concept de soi selon William James

Le contenu du concept de soi varie en fonction du contexte ou de la situation dans laquelle se trouve la personne. Par exemple : « Comment sommes-nous lorsque nous sommes avec notre partenaire ? » ou “comment étions-nous avant d’avoir souffert de cette maladie qui nous a tant blessé ?” Cela vient d’une comparaison avec nous-mêmes, mais aussi d’une conséquence d’une comparaison sociale.

L’idée selon laquelle ce concept naît, varie et s’enrichit en fonction des situations et des expériences que vit la personne est loin d’être quelque chose de nouveau. La théorie de l’attachement est basée sur cette idée, puisqu’elle postule que les individus construisent différents « modèles mentaux » sur eux-mêmes, sur les autres et sur la relation entre leur propre « Soi » et le « Soi » des autres.

Les différentes théories selon William James

La théorie du concept de soi proposée par Showers nous invite à considérer le concept de soi comme un métier à tisser. Plus précisément, un métier formé par les fils d’une multitude d’aspects liés à soi-même, qui s’entrelacent et se connectent à divers contextes.

Pour Showers, chacun de ces aspects fait référence à nos identités les plus marquantes. À leur tour, les identités que nous possédons peuvent être décomposées et démêlées en différentes croyances.

Ainsi, les différentes évaluations que nous faisons sur les identités qui nous définissent sont importantes. À la suite de ces évaluations (à la fois positives et négatives), le concept de soi s’organise autour de deux formes différentes (Moreno, 2011).

1. L’organisation évaluative compartimentée ou le concept de soi compartimenté

Ce terme complexe peut se composer de différentes catégories. Certaines d’entre elles sont très cloisonnées. En effet, elles font référence à des caractéristiques ou des descriptions dont les évaluations se font dans l’absolu. Soit elles sont positives (donnant lieu à des compartiments positifs), soit, au contraire, elles sont négatives (et donnent lieu à des compartiments négatifs).

Par exemple, Lucas, un adolescent de 19 ans, se décrit positivement sous sa facette « Moi quand je suis entouré de mes amis ». Il englobe au sein de ce compartiment des adjectifs tels que « ouvert », « extraverti », « empathique » et « proche ». Nous avons donc parlé de compartiment positif.

Au contraire, lorsqu’il parle de sa facette « Moi en tant qu’étudiant », ses descriptions sont plus négatives et moroses. Il utilise des adjectifs tels que « irrité », « irascible », « peu sûr de lui », « affligé » ou « triste ». Dans ce cas, nous parlons d’un compartiment négatif.

2. L’organisation évaluative intégrée ou le concept de soi intégré

D’un autre côté, nous pouvons concevoir le concept de soi comme s’il était composé de catégories distinctes, mais qui contiennent des descriptions valorisées simultanément positivement et négativement. Même si cela peut nous paraître incohérent ou paradoxal, elles sont ainsi liées parce qu’elles nous servent et signifient quelque chose de particulier pour nous.

Par exemple, Marta est une femme de 26 ans qui, lorsqu’elle parle de son « moi au travail » utilise des adjectifs à valence à la fois positive et négative. Plus précisément, Marta souligne qu’elle est « organisée en général, mais chaotique lorsqu’elle est surchargée de travail » ou « résolue et proactive dans les tâches qu’elle accomplit, bien qu’incompétente si la tâche consiste à traiter avec un client ».

Quelques conclusions sur la théorie du concept de soi de William James

Par conséquent, pour William James, cette construction est composée de la manière dont nous nous décrivons à travers nos croyances. D’un autre côté, celles-ci peuvent être uniquement positives (ou négatives) ou elles peuvent être combinées et avoir une signification aussi bien positive que négative, selon la situation qui se présente.

Les personnes auront une conception plus ou moins positive (ou négative) d’elles-mêmes selon l’accessibilité des comportements que nous avons évoqués. De cette manière, pour l’auteur, nous pouvons présenter un concept de soi avec un compartimentage positif ou négatif (Moreno, 2011).

Que prédit la théorie du concept de soi de William James?

Conformément à ce que nous venons de mentionner et en fonction de l’organisation et du niveau d’accessibilité des différents compartiments, nous aurons une haute estime de soi et un plus grand bien-être psychologique et interpersonnel, ou bien le contraire :

• Si notre image de soi est pleine de compartiments et que des comportements activent fréquemment ces compartiments positifs, nous connaîtrons une humeur plus élevée et notre estime de soi sera améliorée.
• Si nous atteignons et améliorons notre capacité à activer et à accéder aux compartiments positifs plus fréquemment que les compartiments négatifs, l’impact des cognitions inadaptées, telles que la rumination et les émotions négatives, sera moindre.
• S’il est fortement intégré, l’amalgame des éléments positifs et négatifs qui le composent pourrait potentiellement tendre vers un équilibre. De cette façon, cela pourrait moduler notre humeur tout en nous permettant de maintenir une saine estime de soi.

Par conséquent, si nous sommes des personnes ayant un bien-être émotionnel et une estime de soi plus forts, nous aurons tendance à accéder plus fréquemment aux éléments positifs de notre image de soi. D’un autre côté, une plus grande accessibilité aux compartiments négatifs nous rendra vulnérables au développement d’humeurs dépressives.

Contrairement au concept de soi compartimenté, le concept de soi intégré est plus intensément associé à la stabilité de l’estime de soi (Moreno, 2011). Lorsque le concept de soi est trop compartimenté, les changements dans les expériences émotionnelles peuvent être perçus de manière plus drastique, en fonction des événements qui se produisent.

L’univers des facteurs qui nous définissent est immense. Comme nous l’avons vu, nous pouvons classer les traits, caractéristiques, valeurs et interprétations que nous faisons de nous-mêmes dans différents compartiments. À leur tour, ceux-ci peuvent être vécus de manière « étanche » ou de manière intégrée.