Estime de soi : la perception de soi

Le concept d'estime de soi et sa définition ont toujours fait l'objet de débats. Découvrez ce qu'en pensent différents psychologues et philosophes.
Estime de soi : la perception de soi
Paula Villasante

Rédigé et vérifié par la psicóloga Paula Villasante.

Dernière mise à jour : 09 mars, 2023

Le terme estime de soi a été décrit pour la première fois par William James il y a plus d’un siècle. Cependant, il est sans aucun doute l’un des plus ambigus et controversés dans le domaine de la psychologie.

L’acceptation de soi, l’ajustement de soi, le concept de soi, l’image de soi sont des termes qui sont utilisés de manière interchangeable pour désigner le concept, positif ou négatif, que l’on a de soi.

Certains auteurs considèrent cette qualité comme un construit hypothétique qui représente la valeur relative que les individus s’attribuent ou qu’ils croient que les autres leur attribuent.

Musitu et al (1996), pour leur part, définissent l’estime de soi comme le concept que l’on se fait de soi, en fonction des qualités que l’on s’attribue. Il y a, pour l’instant, une position unanime sur ce qu’est ce concept.

Définition de l’estime de soi

Selon Rosenberg et ses collaborateurs, elle comprend l’attitude positive ou négative d’un individu envers soi-même dans son ensemble. Il s’agit de l’évaluation émotionnelle générale de l’estime de soi ou de son propre jugement de valeur (Burrus & Brenneman, 2016).

Une haute estime de soi fait référence à une évaluation globale très favorable de sa compétence dans des domaines subjectivement importants, tandis qu’une faible estime est le résultat d’évaluations négatives et de faiblesses subjectives.

estime de soi de super-héros

Dans le modèle hiérarchique du concept de soi de Shavelson, l’estime de soi présente le niveau le plus général du concept de soi, avec des domaines sous-jacents spécifiques tels que le concept de soi académique et le concept de soi physique.

D’après la recherche, on peut déduire qu’il existe quatre façons de définir l’estime de soi. La plus fondamentale est l’approche comportementale. De là, la définition de cette qualité repose sur l’idée que le soi peut être considéré comme tout objet d’attention pour le sujet.

Un autre type de définition se concentre sur la différence entre le moi idéal et le moi réel. C’est la façon la plus courante de la définir dans la littérature spécifique.

Une troisième approche se concentre sur l’estime de soi en tant que réactions psychologiques que les personnes reçoivent d’elles-mêmes. Ces réponses sont généralement décrites comme étant de nature affective ou basées sur le sentiment de valeur personnelle : positif-négatif, acceptation-rejet.

Enfin, Wells et Marwell (1976) affirment que cette qualité peut être comprise comme une fonction ou une composante de la personnalité. Dans ce cas, le terme est considéré comme faisant partie de soi ou système du soi, généralement la partie liée à la motivation ou à l’autorégulation.

En pratique, il existe autant de façons de définir l’estime de soi que les êtres essaient de la définir.

Bases théoriques du concept

En psychologie, James est le premier à définir le concept. L’auteur la décrit comme la conscience de la valeur de soi.

L’estime de soi désigne un jugement ou une évaluation intime de soi par rapport à ses propres valeurs qui s’explique par la relation entre le soi réel et le soi idéal. Il s’agit de l’essence de l’individu, c’est la relation entre les réussites et les aspirations, ainsi que les résultats et les échecs. Elle représente l’estime de soi de base et est considérée comme stable.

Un homme qui se regarde dans un miroir.

Cette définition suggère que l’individu s’estime selon sa propre perception, son sentiment d’être important et unique. L’estime de soi est censée être favorisée par l’équilibre dans les relations avec les autres. Elle serait donc ancrée et acquise à travers les expériences de vie.

L’estime de soi comme construction sociale

Personne ne naît avec une estime de soi élevée ou faible. Cela s’apprend au travers de l’interaction sociale avec les personnes les plus importantes : les parents, les amis, les enseignants et l’environnement familial, en particulier pendant l’enfance et l’adolescence et le reste des étapes de notre vie. Ainsi, il semble que cette qualité de chacun se construit à partir d’ expériences.

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Parfois, les expériences négatives d’un individu n’ont pas d’effet négatif sur son estime de soi. Au contraire, elles s’intègrent positivement et deviennent un moteur de nouveaux projets. Par exemple l’échec d’une matière ou une opposition, le ridicule de certains camarades de classe ou encore l’humiliation d’un enseignant.

Quelques auteurs qui définissent l’estime de soi comme un construit social

Cooley la définit comme une construction sociale. C’est-à-dire que le concept est configuré à travers des interactions sociales basées sur des opinions, des jugements et des actions, dès la naissance. Elle représente l’amour de soi fonctionnel et est fluctuante. La personne qui reçoit les commentaires des autres peut décider ou refuser de se les approprier.

Cette définition évoque une composante changeante de l’estime de soi qui serait modulée par l’environnement social. La littérature révèle également une estime collective, qui renvoie aux jugements de valeur de la personne liés aux caractéristiques du groupe identitaire.

De plus, d’autres définitions de l’estime de soi ont contribué à l’évolution de sa conceptualisation. Pour Maslow, il est impossible de se projeter dans un projet de vie si le besoin d’estime de soi n’est pas satisfait. Laporte soutient que l’estime de soi fait référence à l’amour de soi dans différentes sphères de notre vie et de notre sens de la dignité.

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Selon Martinot, l’estime de soi est le jugement que nous portons sur notre capacité à faire face à la vie. Plus précisément, c’est l’ensemble des éléments qui nous définissent: Attitudes, croyances et sentiments.

Branden accorde de l’importance aux aptitudes et aux compétences. Pour lui, la valeur personnelle est étroitement liée à la réussite personnelle. Paradis et Vitaro établissent que cette qualité est une vision holistique de soi qui correspond à un jugement sur sa valeur en tant que personne.

L’estime de soi comme baromètre psychologique

Enfin, elle est perçue comme un baromètre psychologique de notre relation aux autres qui nous aide à détecter la menace du rejet social et à nous en libérer. Ces définitions indiquent que l’estime de soi est le développement de soi. Il s’agit de l’opinion émotionnelle qui permet l’autoprotection, le développement personnel et professionnel.

D’un point de vue philosophique

D’un point de vue philosophique, certaines définitions proposent que cette qualité représente une valeur morale et rationnelle.

De son côté, Kant propose un modèle d’opposition à l’estime de soi. Dans ce modèle, l’estime esthétique est une forme d’amour, de sensation liée à la sensibilité. Pendant ce temps, l’estime bienveillante est une forme d’amour pratique qui réside dans la volonté. L’opposition se situe quelque part entre la forme pratique et la forme morale de l’estime.

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La forme pratique est la manière d’agir et l’action de l’estime de soi. L’individu se donne une valeur, se respecte par le libre choix de la volonté. Kant précise cependant que c’est un devoir de s’estimer ou d’estimer les autres selon leur dignité.

Descartes considère le respect ou l’estime comme l’un des devoirs les plus importants. Il ajoute que l’amour-propre ou le respect est la passion de l’âme, c’est-à-dire une inclination de l’âme à aimer, respecter l’objet et le rendre favorable. Il met en évidence l’élément de sagesse qui consiste à savoir pourquoi et comment chacun considère et méprise.

Termes connexes

Selon l’auteur Doré, il semble difficile de différencier le terme estime de soi des autres termes. L’image de soi ou le concept de soi sont quelques-uns des concepts qui peuvent être confondus.

Le concept de soi est l’ensemble des croyances et des perceptions qu’une personne a d’elle-même, ainsi que les attitudes qui en découlent. Ainsi, ce concept combine les termes d’estime de soi, d’image de soi et d’identité personnelle.

L’image de soi est l’ image que nous formons dans notre esprit de notre propre corps.

Un homme qui prend un selfie.

Un autre terme connexe est l’auto-efficacité. Il fait référence à l’ évaluation de la capacité d’une personne à réussir dans un domaine de compétence ou de manière globale dans différents contextes.

Les synonymes et antonymes du terme font également partie de l’analyse du concept. Ainsi, un synonyme de l’estime de soi est l’amour de soi. Il s’agit de l’image de soi subjective, généralement positive, d’une personne. Un contraire du terme pourrait être le dégoût de soi.

L’estime de soi est à la base de la construction de la personnalité et de l’équilibre psychique. Elle dépend des processus d’adaptation à tous les âges de la vie. Son utilisation se retrouve dans de nombreuses disciplines, telles que l’éducation et dans des contextes organisationnels et de travail.

Enfin, elle est utilisée comme critère de diagnostic médical pour divers troubles mentaux. Certains d’entre eux sont la dépression, l’anxiété, les troubles de l’alimentation ou la toxicomanie. Il existe deux diagnostics médicaux liés à l’estime de soi. Il s’agit du « trouble situationnel de l’estime de soi » et du « trouble chronique de l’estime de soi ».


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